Lukáš Macek : itinéraire réussi d’un Tchèque en Bourgogne

Né à Prague sous le régime communiste Lukáš Macek est, aujourd’hui, aux commandes de l’antenne locale de Sciences Po à Dijon et de son cycle d’enseignement dédié au pays d’Europe centrale et orientale. Ce jeune trentenaire a réalisé un parcours étonnant. Nous vous invitons à le découvrir en sa compagnie. Interview réalisé par Elizabeth Salzmann
Le lycée Carnot de Dijon : quels souvenirs personnels se cachent derrière ce nom ?Quatre années extrêmement importantes pour ma vie, de tout point de vue. La découverte de la France, de sa culture, de sa société, de son style de vie… Vu le contexte (j’y étais de 1992 à 1996), cette découverte coïncidait pour moi, un jeune tout juste sorti de la grisaille et l’ambiance oppressante du communisme finissant, avec celle de « l’Ouest » et de sa liberté. Même si, paradoxalement, cette découverte passait aussi par des contraintes du régime d’internat à la française, difficiles à vivre…
La section tchèque du lycée bourguignon a accueilli, depuis sa création, près de 300 élèves. Restent-ils tous autant que vous attachés à cette région ?
Certes, de nombreux anciens « Tchèques de Carnot » connaissent une nostalgie dijonnaise qui se renforce avec l’âge. Mais mon histoire personnelle avec la Bourgogne a été renforcée par la suite : un stage au Conseil régional de Bourgogne en 1997 et un retour plus durable à Dijon, en septembre 2004, pour diriger l’antenne dijonnaise de Sciences Po Paris.
Vous avez grandi dans un pays où les frontières étaient verrouillées et la diversité politique inexistante. Partir à Dijon, étudier ensuite à Sciences Po. Paris et se spécialiser sur l’Europe communautaire semble, à posteriori, un saut dans l’inconnu. Comment l’avez-vous vécu ?
Très bien, en fait. Avec l’insouciance de mes 16 ans de l’époque, je vivais cette aventure comme une découverte passionnante. Je suis très reconnaissant d’avoir vécu ce passage de l’Est à l’Ouest à une époque où ce clivage était encore une réalité. Venir en 1992 de la Tchécoslovaquie en France, c’était un véritable choc culturel… ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.