Otto Jelinek

En 1948, la famille Jelinek fuit le régime communiste de leur Tchécoslovaquie natale. Maria et Otto ont respectivement six et huit ans et sont loin de se douter que la prochaine fois qu’ils quitteront leur patrie, ce ne sera pas comme fugitifs, mais plutôt comme champions du monde de patinage artistique. Après avoir assumé de longues années les lourdes responsabilités de ministre au Canada, dont celui du revenu national, Otto Jelinek est revenu s’installer à Prague après la Révolution de Velours. C’est là que nous l’avons rencontré… Elizabeth Salzmann
Votre famille a été persécutée par la gestapo, et après la seconde guerre mondiale, leur propriété a été confisquée par les communistes. Alors, en 1948, dans le milieu de la nuit, vous avez tous fui en Suisse puis au Canada…
Mon père, durant la seconde guerre mondiale, refusa de collaborer avec les allemands qui l’emprisonnèrent. Après la guerre, en 1948, les communistes s’emparèrent du pays et nationalisèrent les entreprises, y compris celle de ma famille. Le rideau de fer était tombé... C’est pour cela nous avons quitté le pays. D’abord pour la Suisse où nous sommes restés un an puis ensuite pour le Canada.
Vous aviez juste 8 ans. Vous souvenez-vous encore de cette période ?
Oui, je m’en souviens. C’était très difficile pour moi mais cela a dû l’être encore plus pour mes parents. Les enfants s’adaptent toujours plus rapidement. En raison du travail de mon père, nous avons déménagé à Toronto. Et là on ne parlait pas du tout le français que nous avions appris en Suisse. A l’époque, les étrangers qui ne parlaient pas anglais n’étaient pas acceptés facilement. Nous avions beaucoup de problème et je me souviens m’être battu avec des enfants dans la rue.
Lorsque vous viviez encore à Prague, vous aviez déjà appris à patiner. Est-ce que cela a contribué à votre intégration ?
J’avais 6 ans à cette époque et ma sœur 4 et l’on patinait en famille, le week-end. Lorsque nous sommes arrivés au Canada, j’ai découvert que ce pays était aussi fanatique de sport sur glace que les tchèques et j’ai commencé le hockey tout en continuant à patiner avec ma sœur. Nous avons intégré le club Oakville Ontario. Nous y sommes restés jusqu’à ce que nous remportions la médaille d’or au championnat du monde en 1962.