Marek Eben : l’homme tranquille dont la femme est un volcan

Il parle comme à la télévision : posément, calmement, poliment. Quand il dit soudain au détour d’une phrase qu’on a « failli lui en mettre une », il n’est pas très crédible. Marek Eben a la cinquantaine et continue d’être l’un des visages les plus connus et les plus appréciés du petit écran en République tchèque.
Cela fait dix ans que vous présentez votre émission d’entretiens et de rencontres « Na plovárně ». Les gens célèbres viennent-ils vous voir avec leurs gardes du corps ?
Bill Gates, oui, Madeleine Albright également. Le dalaï-lama est venu avec une escorte de moines, certains d’entre eux servant de dictionnaire d’anglais. Ils s’étaient assis sous la caméra et quand leur gourou n’arrivait pas à trouver un mot, ils le lui soufflaient immédiatement.
Avez-vous le trac avec ce type d’invités ?
Avec le dalaï-lama, j’avais le trac. Je m’étais préparé pendant plusieurs jours et je m’étais endormi sur le canapé, entouré de papiers sur la méditation.
Qu’aviez-vous appris avant de vous endormir ?
Par exemple, la façon dont il a été élu. On prend des objets qui ont appartenu au dalaï-lama décédé et on les montre au jeune enfant, son successeur. Si l’enfant s’approprie l’un d’entre eux, cela signifie qu’il est le vrai dalaï-lama. Par exemple, le dalaï-lama actuel avait choisi des lunettes. Ensuite, ce qui m’a surpris, c’est qu’il prend des énormes petits déjeuners et que cette nourriture pourrait servir à une famille de trois personnes. Ou encore qu’il donne à manger à des oiseaux dans son siège.
Et…?
Et que quand il commence à nourrir ces petits oiseaux, des rapaces viennent lui tourner autour. Apparemment ça l’énerve, alors il prend un fusil à vent et il commence à tirer. Il y a deux choses qui me fascinent. D’abord que ce boudhiste puisse prendre un fusil en mains, et ensuite qu’il le dise.
La présence de son escorte était-elle gênante pour vous ?
Non. Le pire, ce sont les épouses de certains invités.