Malá Strana - informations générales

Loin des venelles médiévales, toutes en courbes et contre-courbes de la Vieille Ville, où la nuit, quelques frissons ne sont pas exclus en bifurquant dans un coin sombre, sur la rive gauche de la Vltava s'étend Malá Strana, le Petit Côté.
Les deux quartiers ne sont guère éloignés, le Pont Charles achevant de faire la jonction, pourtant difficile de ne pas être frappé par deux atmosphères aussi dissemblables. C'est encore un de ces tours que joue Prague au visiteur, refusant obstinément de lui montrer un seul et même visage. Si la Vieille Ville n'a pas pour autant un visage uniforme, Malá Strana est comme figée dans le temps depuis le XVIIIe siècle: rien ou presque n'a été bâti depuis cette époque, et le visiteur imaginatif peut plonger allègrement dans une rêverie poétique au fil de sa découverte hasardeuse.
Malgré sa date de fondation remontant au cœur du Moyen-Age (1257), le quartier de Malá Strana, qui s'étend juste en dessous du Château de Prague, ne garde guère de traces de ce passé médiéval. Et pour cause. 1541. Année tragique où la majeure partie du quartier est réduite en cendres par un incendie meurtrier. A quelque chose malheur est bon: sous le règne de l'empereur mécène Rodolphe II, qui en faisant de Prague sa capitale impériale, attira autour de lui toute une cour de grands personnages qui entre autres contribuèrent à reformer le visage du quartier. Les palais Renaissance poussent comme des champignons.
Mais c'est surtout après la défaite de la Montagne Blanche (1620) que le quartier prend sa forme actuelle: il se pare d'églises où triomphe la Contre-réforme et de jardins rappelant l'Italie, les palais sont autant de vitrines de puissants membres de la noblesse. Aujourd'hui, ce sont plus les touristes, pèlerins modernes, qui se pressent aux portes des églises dont le clou reste Saint-Nicolas (Svatý Mikuláš), sur la place de Malá Strana, avec son dôme imposant et son clocher, ses statues gardiennes muettes mais vigilantes devant les allées et venues des promeneurs. Aujourd'hui, ministres, députés, sénateurs, ambassadeurs étrangers ont élu domicile entre les riches murs de ces demeures élevées à la gloire des nobles du passé.
A côté de ses somptueuses bâtisses, Malá Strana est aussi un endroit où flâner pour tous les amateurs de verdure en pleine ville. Si l'on excepte les jardins ouvragés à l'italienne, payants pour la plupart et souvent accessibles en saison exclusivement, l'immense parc de Petřín qui s'étend sur une des collines qui recueille à ses pieds le quartier, est l'endroit idéal.
Vraiment, impossible de nier que Malá Strana soit un endroit romantique à souhait. Par son apparence, Malá Strana fait penser à une pâtisserie, mais ce sont des douceurs délicates et subtiles qu'elle propose, à tel point qu'on est difficilement rassasié. Les couleurs des bâtiments: du sucre d'orge. Les façades moulurées: des pains d'épice décorés. Les coupoles, les statues, les reliefs baroques: de délicieux petits gâteaux à la chantilly. Par son atmosphère, elle évoque des airs de Mozart et on s'étonnerait presque de voir surgir si souvent au détour d'une rue un tramway carillonnant plutôt qu'une calèche tirée par des chevaux.